Le principe de persuasion du cadre
La cadre ? Qu’est-ce donc cette notion de cadre en communication hypnotique ? Pour répondre à la question, cela me rappelle cette anecdote vécue il y a peu. J’étais en voiture un dimanche de printemps avec mon épouse, bien tranquillement. L’atmosphère était paisible dans le véhicule.
Quand tout à coup, je me suis fait brûler la priorité de droite par un camion de pompier, traçant sa route aussi rapidement qu’un guépard un jour de chasse en Tanzanie.
Toute sirène hurlante. Bien naturellement, ma réaction fut spontanée « Ils sont quand même courageux ces pompiers. Ils risquent leur vie à chaque coin de rue, chapeau bas messieurs ! « . Fin de l’histoire.
Sauf que… plusieurs jours plus tard, je faillis avaler mon café de travers en lisant le journal local : « Scandale à Liège : 3 braqueurs de banques ont volé un camion de pompier et ont tué un piéton ! » Je restais scotché par ce que je venais de lire. « Ah les ordures ! Moi qui pensais avoir eu affaire à de courageux pompiers, j’ai appris une bonne leçon : ne jamais se fier aux apparences ! «
Un ingrédient nouveau dans l’histoire (la lecture de la terrible nouvelle dans le journal) avait subitement changé la façon dont j’avais initialement perçu le camion de pompier !
Ainsi donc, si l’on modifie le contexte dans lequel on perçoit l’événement (le camion de pompier qui passe au rouge), toute la vision de cette réalité (et tout ce qui s’y trouve) se voit radicalement transformé.
Ce qui au départ était perçu comme étant un acte de bravoure, s’est transformé dans mon esprit en acte criminel !
La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible d’apprendre à maîtriser ce puissant principe de cadre afin de contrôler la façon dont les autres perçoivent vos idées. Vous désirez faire adhérer les autres à votre vision des choses ?
Vous souhaitez changer le point de vue de vos interlocuteurs ? Vous souhaitez transformer un « non » en « oui » dans l’esprit d’autrui ? Vous répondez… oui ?
Il est donc impératif que vous commenciez à maîtriser « l’art du cadre ». Tout comme Barack Obama, Socrate, Steve Jobs et Mohamed Alli l’ont fait avant vous.
En parlant de cadre, certains politiciens, sont passés maîtres dans l’art d’utiliser ce principe impactant afin de rendre leurs idées séduisantes aux yeux de leur électeurs potentiels. Bien au-delà de la politique, son usage est multiple.
Négociation, séduction, communication d’entreprise, coaching, management… comment être persuasif et utiliser cette technique de communication puissante à votre avantage ? C’est ce que nous allons décoder ensemble.
Comment être persuasif ? Maitrisez le cadre et prenez le contrôle de vos interactions
Comment être persuasif et doper votre capacité à faire adhérer les autres à votre point de vue, passe par la maîtrise des 4 cadres de communication principaux. Prenez la peine de comprendre comment ils fonctionnent.
Parce que leur maîtrise va faire de vous un communicateur de premier plan qui maitrise les échanges et la direction de toute interaction. Face à n’importe qui. N’importe quand.
– Le cadre « Mohamed Ali », ou comment planter un drapeau dans l’esprit de l’autre…
Mohamed Alli, le célèbre boxeur, était connu pour sa faculté à déstabiliser ses adversaires par la parole avant même que ses combats ne commencent. L’une de ses plus célèbres tirades est sans conteste celle-ci :
« On est là, debout en face de l’autre. Et la question n’est pas tant de savoir lequel de nous deux va tomber en premier au sol. La vraie question à te poser est de savoir si tu vas savoir te relever avant le compte de 10… »
L’histoire raconte que la capacité de persuasion de Mohamed Ali était aussi percutante que son crochet du droit. Vous aussi, devenez un Mohamed Ali de la communication, en créant en début de vos interactions, un cadre qui orientera avantageusement la façon dont votre idée ou point de vue sera perçu ensuite par votre interlocuteur.
Ce cadre vous aidera facilement à savoir comment être persuasif, tout en vous inoculant contre toute objection ou résistance.
Exemple :
Vous devez convaincre votre auditoire, un brin sceptique, vis-à-vis de la pertinence de la communication hypnotique. Comment pourriez-vous dès lors utiliser le cadre « Mohamed Alli » afin de présenter votre idée de la façon la plus avantageuse, tout en vous inoculant par avance, contre tout scepticisme ?
Voici ce que vous pourriez dire à votre auditoire en début de discours :
» Vous êtes aujourd’hui dans cette salle car vous êtes sans doute curieux vis-à-vis de ce que la communication hypnotique pourrait créer dans votre faculté à savoir comment être persuasif…
… Pour celles et ceux qui se rendent déjà compte du potentiel de cette méthode, vous remarquerez très vite à quel point vous allez en tirer parti dans votre communication de tous les jours…
… Et pour celles et ceux, qui sont encore un peu septiques, vous pourriez tôt ou tard vous rendre compte combien vous aviez une conception erronée vis-à-vis de la communication hypnotique, après l’avoir utilisée avec succès dans votre communication quotidienne… »
Voyez-vous la subtilité de la méthode ? En posant très tôt dans votre communication ce type de cadre, vous excluez de la réalité l’hypothèse
« est-ce que la communication hypnotique fonctionne ou pas ? » au profit de cette présupposition avantageuse « allez-vous vous rendre compte maintenant ou plus tard de son efficacité dans votre façon de communiquer ? »
Les politiciens et avocats chevronnés sont passé maitre dans l’art de ce genre de cadre. Et vous, quand allez-vous monter en vainqueur sur le ring de la communication ?
– Le recadrage, ou comment donner un sens nouveau au réel
Récemment, je viens de remarquer une publicité qui est passée dans le journal que j’ai l’habitude de lire. Elle est très intéressante pour illustrer la technique du recadrage.
Cette publicité illustrée se découvre au fur et à mesure sur plusieurs pages successives du journal. La photo de la première page, montre en grand, un homme avec très peu de cheveux sur la tête.
Il porte un jeans et des bottes. Il a l’air très contrarié, en train de courir sur un trottoir. Cette première perception en moi a été d’ailleurs de me dire « Oh là, que s’apprête-il à faire ? Il n’a franchement pas l’air commode celui-là ! » Sur la deuxième photo, il court vers une vieille femme.
On le voit alors la bousculer violemment dans la rue. Apparemment, c’est un voyou qui terrorise une personne âgée ! Vous en conviendrez, il est difficile de percevoir cet homme d’une autre façon que celle d’un voyou…plutôt juste, non ?
Maintenant, tournons la page du journal. Cette fois-ci, c’est encore exactement la même scène qui repasse, mais sous un angle de vue général (un peu comme une caméra qui filme avec une vue globale de la scène).
Sur ces images grand-angle, on revoit la vieille dame marcher tranquillement à côté d’un bâtiment en travaux où une bétonnière est sur le point de tomber de l’échafaudage.
Soudainement, la deuxième image nous montre un piéton averti qui se rend compte de la situation dangereuse. Il court héroïquement vers la femme. Et la pousse vigoureusement hors de la zone du bâtiment.
Un instant plus tard, la bétonnière tombe au sol, là où la vieille femme se tenait juste auparavant. La personne perçue tout d’abord comme un « voyou » (en première page), vient en fait de sauver la vie de la vieille dame.
En changeant d’angle de vue, les créateurs de cette publicité ont changé le contexte des actes de cet homme. Subitement, ce qui a été perçu auparavant comme typiquement criminel, devient alors quelque chose de courageux et d’altruiste.
Ses actes sont transformés, dès lors qu’ils sont reformulés dans un contexte particulier (l’image grand angle). C’est là toute la science du recadrage : donner un sens nouveau et avantageux au réel.
Et cela pourrait être fort utile pour contourner les objections et résistances de vos interlocuteurs.
Exemple :
Connaissez-vous Pepsi Cola ? La marque numéro deux aux Etats Unis sur le marché du cola, dû faire face à ses débuts, à la concurrence féroce du géant Coca Cola.
Pourtant, Pepsi Cola, le petit poucet à ses débuts, su comment être persuasif ense démarquant avantageusement de son concurrent dans l’esprit du grand-public. Ceci, grâce à un subtile campagne de recadrage dans les médias américains.
L’idée des publicitaires de Pepsi Cola fût brillante. En effet, ils ont su transformer dans l’esprit du grand public, l’idée de jeunesse (idée péjorative) en innovation contemporaine (point de vue avantageux). Comment s’y sont-ils pris ? Lisez donc le contenu publicitaire de l’époque :
» Hier, ils (Coca Cola) étaient les rois. Mais hier est-il encore important ? N’est-il pas temps maintenant de se tourner vers aujourd’hui ? Pepsi Cola, la boisson nouvelle génération pour la nouvelle génération ».
Eh bien, cette campagne publicitaire a fait gonfler les ventes de Pepsi Cola, tout en faisant baisser celles de Coca Cola. Tout cela, grâce à un recadrage bien réalisé. Et vous, comment pourriez-vous utiliser le recadrage dans vos interactions ?
– Le cadre « Jujitsu », ou comment utiliser la force de l’autre à votre avantage
Vous arrive-t-il parfois arrivé dans vos interactions, de vous faire challenger vis-à-vis de vos idées ou points de vue ? Très certainement. Car nos interactions aux autres sont rarement un long fleuve tranquille.
Ainsi, il n’est pas rare de se faire challenger dans notre vision de la réalité. Qu’il s’agisse de politique, de commerce, de négociation, l’opposition n’est jamais loin.
– Vous êtes bien jeune pour être chef d’entreprise !
– Non, je n’ai pas envie de suivre tes conseils !
– Votre produit ne vaut pas un clou et vous êtes mauvais !
Alors, comment réussir à sortir vainqueur de ce genre de challenge, de façon efficace et élégante ? Mieux, comment inviter subtilement votre interlocuteur a quitter sa vision des choses pour glisser vers votre cadre ?
La réponse : apprenez à maitriser le cadre « Ju Jitsu » ! Son principe : comme dans les arts martiaux, utilisez la force de « votre adversaire » pour la retourner contre lui. En d’autres mots, challengez celui ou celle qui vous challenge.
Ce qui me fait d’ailleurs penser à cette anecdote entendue un soir à la TV, sur un plateau d’une grande chaine publique française.
Un philosophe était invité sur le plateau. Face à lui, un chroniquer agressif lui coupait sans cesse la parole. Pire, il prenait un malin plaisir à discréditer les sages paroles du philosophe. Cela dura 15 minutes, jusqu’au moment où le philosophe, très calme jusque-là, stoppa le chroniqueur en lui racontant un histoire toute innocente.
Elle dura à peine deux minutes. Puis…coup de théâtre ! La chroniqueur, pourtant jusque-là arrogant et sûr de lui, commença à regarder ses chaussures, puis quitta le plateau. Confus et cramoisi de honte Le public quant à lui, était scotché.
Le philosophe lui, souriait dans sa barbe, puis quitta le plateau comme César. Mais que se passa-t-il durant ces deux minutes ? La réponse est simple : le philosophe appliqua magistralement le cadre « Jujitsu » vis-à-vis du chroniqueur agressif.
Voulez-vous savoir ce que racontait cette histoire ?
La voilà :
Il était une fois, un merle et un corbeau quelque part dans une grande forêt. Depuis toujours, ces deux lascars se chamaillaient pour savoir lequel des deux chantait le mieux. Un beau jour, ils décidèrent d’organiser un grand concours de champs.
Le jour J, tous les animaux de la forêt était réunis pour départager les deux adversaires. Face au public déchaîné se trouvait le jury. Il était composé de cerf majestueux, chevreuil argenté, écureuil malicieux et cochon sauvage.
Au bout d’une prestation aboutie, Merle et Corbeau attendirent fébrilement le résultat des votes. Tadaaa…roulement de tambour. Le grand gagnant est… monsieur Corbeau.
– Hourra, crièrent les nombreux animaux de la forêt, entourant le vainqueur d’une salve d’applaudissements
Dans son coin, monsieur Merle, le vaincu, laissa couler une larme de peine. Voyant le désarroi de l’oiseau, un animal s’approcha de lui pour le réconforter.
– Pourquoi pleure-tu, Merle, demanda l’animal, remplit d’empathie. J’imagine que tu es triste parce que tu as perdu, demanda-t-il
– Non ce n’est pas pour cela, répondis Merle
– Pourquoi donc, alors ?
– Je suis triste, parce que je viens d’être jugé… par un porc !
Sur le plateau TV, le chronique, désarçonné par cette histoire, dit au philosophe :
– Mais vous m’avez traité de porc !
– Non, répondit le philosophe. Je viens juste de raconter une petite histoire. Qui vous a demandé de vous identifier au porc ?
Fin de l’histoire. Puissant comme type de recadrage, non ?
– Le cadre « rocher », ou comment rester stable comme le roc face à une mer agitée
Le dernier cadre, et non des moindre, consiste simplement à rester solide sur vos positions et point de vue, même face à quelqu’un qui vous challenge.
Pensez à certains hommes ou femmes politiques persuasifs qui possèdent la capacité à rester de marbre, même face à des attaques verbales.
Cette méthode, bien que demandant une grande cohérence verbale et non-verbale, envoie un message subliminal claire à votre challenger « Houlà, il (elle) ne bronche pas, même face à mes attaques. Il (elle) doit surement y avoir du vrai dans ce qu’il (elle) dit.
Le plus import est l’effet que cela va faire sur le public, si vous êtes dans une interaction publique. En effet, l’impression d’impassibilité dont vous faites preuve va envoyer un message subtil qui vous donnera raison dans l’esprit de ce public.
L’astuce est faire « comme si » les remarques ou attaques verbales de l’autre n’existaient pas dans votre vision de la réalité.
Pensez pour cela aux gardes britanniques devant le palais royal. Ils ont cette capacité à rester de marbre, même face à un touriste peu scrupuleux qui essaye de le narguer. Devant l’impassibilité du garde, ce même touriste arrête de lui-même toute velléité saugrenue.
Faites-en de même. Soyez un garde britannique de la communication, lorsque vous faites faces à quelqu’un qui vous challenge. Restez confiant et cohérent dans les signaux non-verbaux que vous envoyez à l’autre. Comme le font les gens qui savent comment être persuasif.
Et ses attaques vont non seulement glisser sur vous comme l’eau sur les ailes d’un canard un jour de pluie. Mais de plus, vous garderez le contrôle du sens que vous désirez donner à l’interaction. Parce que très souvent, le plus convainquant est le plus convaincu. En l’occurrence… vous !
Conclusion : pour savoir comment être persuasif, adoptez les 4 fantastiques
Après avoir lu tout ce qui précède, vous pouvez être satisfait. Car votre capacité à apprendre comment être persuasif vient de montrer de plusieurs crans. Nous venons en effet de passer en revue ces 4 cadres de communication, que j’appellerai volontiers les « 4 fantastiques ».
Tant leur efficacité va amener votre faculté à communiquer et convaincre à un niveau réellement supérieur. Cet outil puissant vient s’ajouter naturellement à tous les autres outils de communication hypnotique de ce blog.
Bien entendu, je vous invite à utiliser ces outils puissants avec bienveillance. N’oubliez pas, c’est en portant les autres en avant que vous emmènerez par la même occasion, votre existence à de nouveaux horizons.
Votre nouveau pouvoir de communiquant hypnotique requiert de nouvelles responsabilités. Mais ça, vous le saviez déjà 🙂